Aix-en-Provence (13) – Armelle peut se vanter d’être bien entourée. Pour Noël, les amies de cette ex-célibataire aixoise de 35 ans se sont généreusement cotisées et ont rassemblé les 7800€ nécessaires pour la « délivrer du féminisme ». Reportage.

« Armelle est notre amie, on ne pouvait pas la laisser comme ça ! » s’exclame Nadia, la jeune femme souriante et pétillante à l’origine de l’initiative – « Elle refusait toujours de nous accompagner en boite, sous prétexte que c’est un repaire de machos où les femmes s’exposent comme la viande dans une boucherie ! Elle préférait passer ses soirées toute seule chez elle avec son chat, c’est triste quand même ». Alors en 2014, Nadia et cinq autres « coupines » décident d’agir et entament une levée de fonds avec l’aide des réseaux sociaux.

Selon ses proches, cela faisait 8 ans qu’Armelle « soufrait de féminisme », mais ces dernières années avaient vu la dégradation accélérée de son état. « Le pire c’est les naissances ! A chaque nouveau bébé dans la bande Mémelle en prenait un sacré coup… C’était parti pour des semaines de blabla sur la femme moderne qui n’est pas obligée d’avoir d’enfant si elle veut privilégier sa carrière et son épanouissement professionnel. Pour une meuf qui fait de la manutention à Ikéa, ça nous faisait quand même de la peine d’entendre ça » explique Sophie, également membre de cette bande de copines, très soudées depuis leur rencontre au lycée.

C’est sur un site internet américain que les amies d’Armelle avaient découvert en 2013 une étude selon laquelle la chirurgie esthétique aurait comme effet secondaire une réduction drastique des symptômes du féminisme (célibat, isolement, aigreur, paranoïa, dépression). Il n’en faudra pas plus pour que la décision soit prise : « Au pire, même si ça marche pas, ça ne lui aura pas fait de mal » pondérait Sophie.

Interrogée par le Daily Béret avant son passage sous le bistouri, qu’elle a tout de même accepté, Armelle se défendait farouchement d’être atteinte d’une quelconque maladie : « Le féminisme est un combat, pour plus d’égalité, pour changer l’image dégradée de la femme dans nos sociétés. J’aime mes amies mais je crois qu’elles ne se rendent pas compte, elles sont esclaves des normes réductrices qu’on leur impose, victimes des fantasmes masculins et de la toute-puissance médiatique qui finissent par sculpter leurs corps, dicter leur régime alimentaire et raccourcir leurs vêtements ».

Nous avons pu rencontrer à nouveau la jeune femme, après une demi-douzaine d’opérations de chirurgie plastique esthétique (liposuccion, lifting cervico-facial, rhinoplastie, implants mammaires, injection d’acide hyaluronique, etc.).

Accompagnée de ses amies lors d’une séance shopping à Zara, Armelle semble plus modérée mais aussi plus joyeuse : « J’ai fait la rencontre d’un infirmier à la clinique, il m’appelle sa princesse ! Je ne suis pas son jouet ou quoi, mais quand même, j’ai envie de lui plaire. Une petite robe ou un peu de maquillage ne vont pas contre mes valeurs, ce n’est pas être superficielle que de se mettre un peu en valeur ! ».

Depuis, l’aixoise a quitté l’association féministe « Les Mantes Religieuses Laïques » dont elle était vice-présidente et s’est débarrassée de son chat : « Je vais plutôt m’occuper de ma.. de moi quoi ! ».

Pour la Saint-Sylvestre, les sept « coupines » ont décidé d’aller en boite de nuit. Cette année, Armelle sera de la partie, et elle sait déjà ce qu’elle portera.

(Illustration :  Sebastian Wallroth sur Flickr)

2 COMMENTS

  1. L’humour est drôle quand il va à contrecourant de la pensée commune, sinon, c’est juste lourd.

    Là, c’est juste lourd.

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